Un peu de répit dans la hesse

Résidence de recherche de Gemma Ushengewe

28.03.24 – 27.04.24

 

Restitution 27.04.24 – 18h

« Nous devons faire cause commune avec les désirs et les (non)positions qui nous semblent folles et inimaginables. Nous devons, au nom de cette alliance, refuser ce qui nous a été en premier lieu refusé ; remodeler le désir, réorienter l’espoir et ré-imaginer les possibilités à partir de ce refus et ce faire indépendamment des rêves nichés dans le droit et la respectabilité. S’il n’y a pas de répit dans la hess, s’il existe une étude plutôt que la production de savoirs, s’il existe une façon d’être ensemble dans le déchirement, s’il existe des sous-communs (undercommons), alors nous devons touxtes trouver le chemin qui nous y mène. »

Fred Moten et Stefano Harney. Les sous-communs – Planification fugitive et étude noire. Les presses du réel, 2022.

Gemma Ushengewe s‘intéresse à la question de la fugitivité dans les systèmes de contrôle et d’hyper surveillance. Se situant comme personne racisée vivant en europe qui est confronté au racisme à la fois direct et structurel, iel parle d’un sujet fugitif. Cette fugitivité est liée à une histoire coloniale qui a une continuité dans la période contemporaine car elle utilise les mêmes catégorisations d’assignation d’identités aux mêmes populations. 

 

Un sujet racialisé devient une catégorie de personnes à contrôler – à la frontière, dans les trains, au magasin, par des caméras de surveillance, les vigiles, la police. Jadis contrôlées dans leur déplacements quotidien, leur mouvements banales, ces populations soumis aux hiérarchisations raciales, ont développé leurs propres stratégies pour refuser, pour fuir, pour se camoufler ou pour devenir invisibles ; des stratégies transmises au fur des luttes et des demandes des droits. 

 

L’espace 3353 se trouve sur la rue du Tunnel 9. Traçant le lien entre fugitif et chemin souterrain, pour l’artiste le tunnel rappelle des lieux d’échappatoire cachés, silencieux, souterrains trouvés lors des parcours de personnes racialisées trop visibles dans l’espace public (par le profilage raciale, la surveillance etc). Le tunnel est un symbole de transition subi ou choisi pour retrouver nos repères et redessiner notre trajectoire tout en brouillant nos traces à la surface. 

 

À travers ses vidéos se rassemblent un lieu fictif qui ramène la réalité du quotidien dans des réseaux de résonance, vers la création d’un commun fugitif.

 

Gemma Ushengewe (*1995), est un·e·x artiste qui navigue habilement entre le cinéma documentaire et expérimental, l’écriture et la performance. Doté·e·x d’un intérêt prononcé pour la réappropriation narrative, sa recherche se porte sur l’examen critique de la surveillance, le racisme structurel, et le néocolonialisme. Ne se contentant pas de raconter des histoires, iel cherche également à explorer les contreformes qui peuvent conduire à la libération. Diplômé·e·x de la HEAD en 2020 d’un Bachelor en cinéma et d’un Master en arts visuels en 2023, ses films ont été acclamés dans divers festivals, notamment Dei Popoli, Black Box, EEEEh et Paraponera Festival. 

Graphisme : Li Chao Lin

Photographies : Román Alonso

Résidence de recherche / Idalecio Pereira / 01.07.2024 - 31.07.2024