With the Fields
Exposition du collectif with the fields
14.09.24 – 12.10.24
Vernissage 13.09.24 – 18h

Imaginez le geste d’une résistance inattendue : marcher et disséminer des graines d’arbres qui briseront le béton, telles des offrandes à d’anciennes déités mésoaméricaines, et des fissures qui endommageront les infrastructures modernes, comme le moyen de récupérer un capital culturel et communautaire.
Utilisez le marquage des oiseaux, le comportement des éléphants, des espèces non-humaines, les traditions orales, les esprits folkloriques, les techniques matérielles traditionnelles et les systèmes de savoir pour chroniquer les urgences agraires, le déchiffrage des saisons dans des forêts exploitées et des points d’eau contaminés.
Brodez des dessins qui incorporent des imaginaires d’enfants sur nos relations avec la terre et notre lien avec nos voisin·e·s non-humain·e·s.
L’exposition With the Fields tisse les expériences vécues de communautés profondément ancrées à la terre, dans des régions subissant de dramatiques transformations. De l’Amazonie à la Zone Franche de Manaus, du Brésil à la Réserve Forestière de Rani à Assam en Inde, en passant par les villages de Thakurgaon dans le nord-ouest du Bangladesh et le delta du Rio Grande au Mexique, ces œuvres explorent les récits locaux de survie, de résistance, et de care écologique, mettant en avant leur résilience face à la dégradation environnementale, l’envahissement de l’urbain, et les changements culturels.
Le collectif with the fields (*2022) est une initiative trans-territoriale composée de professionnel·le·s des arts visuels ayant des liens et intervenant dans des zones rurales de pays du Sud. Depuis 2022, iels travaillent ensemble et à distance afin de partager les potentialités et les complexités de la pratique artistique dans leurs contextes respectifs – sur le terrain, à l’aide de l’engagement communautaire et de l’activisme sur des sites agricoles et maritimes. À travers les diverses expériences des membres du collectif, iels construisent des bases communes pour traiter de la ruralité, de la décolonisation, du littoral, du biote et de l’alimentation, depuis leurs territoires. Par leur engagement, iels espèrent rendre visible les schémas globaux qui portent préjudice aux écologies (culturelles et paysagères) des régions rurales dans lesquelles iels travaillent.
Les membres de with the fields sont Salma Jamal Moushum et Kamruzzaman Shadhin de la Gidree Bawlee Foundation of Arts, Nora Hauswirth et Emerson de l’Arte & Escola na Floresta, Anga Art Collective, Paloma Ayala et tara lasrado.
Gidree Bawlee Foundation of Arts (*2001) a débuté en tant que plateforme multidisciplinaire centrée sur des explorations culturelles et artistiques. Cette organisation communautaire gère divers programmes créatifs et des projets de recherche dans le village de Balia à Thakurgaoun, dans le nord-ouest du Bangladesh, avec la participation de différentes communautés culturellement diverses. Grâce à ses pratiques sociales, l’organisation cherche à créer un équilibre d’influences dans le processus artistique, et tente ainsi de développer des projets qui répondent à l’histoire locale, la culture et l’environnement.
Anga Art Collective (*2010), dans les régions rurales d’Assam au nord de l’Inde, a lancé son initiative pédagogique kNOw school en 2020 : un espace d’apprentissage nomade et post-disciplinaire, dont le principe fondamental est de cultiver l’empathie, une Pédagogie du Soin. Iels pratiquent des approches fluides qui impliquent les dimensions spatiales et temporelles d’un lieu, en combinant certains savoirs venant de disciplines variées, avec d’autres modes d’enseignements circulant au sein des communautés. Iels conçoivent des outils et des démarches d’apprentissage mutuel qui imaginent des environnements d’éducation égalitaire, pour penser les relations entre esthétiques, pédagogie et modes de vie, tout en naviguant dans différents paysages.
Arte & Escola na Floresta (*2010), à Manaus au Brésil, réunit des personnes provenant d’une grande diversité de communautés, qu’elles soient issues de zones urbaines, rurales ou forestières, afin d’échanger des connaissances théoriques et surtout pratiques, dans le but de développer des méthodologies et des pédagogies forestières qui résistent aux pratiques contemporaines et destructrices d’extraction de nourriture. Les participant·e·s se rassemblent pour planter, récolter, et cuisiner, guidé·e·s par des agriculteurices. Iels s’engagent dans la mise en œuvre de l’agroforesterie, l’entretien de jardins sauvages, apprennent la gestion des sols, la bioconstruction, les teintures naturelles, etc.
Paloma Ayala (*1980) est une artiste visuelle qui évolue entre la frontière États-Unis/Mexique et Zürich, travaillant à l’intersection de pratiques nationales, et de problématiques environnementales et post-coloniales. Une part constante de son travail s’appuie sur des activités éducatives, et des enquêtes au sein de communautés et d’environnements écologiques dans des zones urbaines, mais surtout rurales ou côtières, menacées par des systèmes politiques et économiques. Paloma documente ce sentiment de perte à travers des films, des actions performatives et des conversations avec des familles et des membres de la communauté, portant une attention particulière aux diverses pratiques des femmes de la région. Elle dirige des programmes pédagogiques dédiés aux communautés côtières et rurales avec l’artiste Javier Dragustinovis.
tara lasrado est une productrice et organisatrice particulièrement intéressée par les travaux collectifs, expérimentaux, intersectionnels, transdisciplinaires et collaboratifs. Ses expériences basées sur la pratique s’infiltrent et confrontent les institutions pour se retrouver dans des espaces publics, des non-espaces, des terrains agricoles et des théâtres vides. tara a travaillé dans différentes constellations dans la production, la curation, la pédagogie et l’associatif. sur/avec la terre ; non-blanc·he ; et des pratiques performatives.
L’exposition est accompagnée d’un texte de Mariana Murcia.
Mariana Murcia (Taureau, dragon de terre) est artiste et nageuse. Sa pratique insiste sur la création et l’expérience de situations dans la présence dense, si épaisse qu’on peut la découper en tranches. Transparente, vous n’y verrez pourtant jamais ce qui s’y trouve. Adoptant une attitude performative, elle travaille souvent en collaboration avec l’eau, la température et d’autres personnes ; quelquefois en créant des écoles, en réalisant des films, en écrivant, en cuisinant ou en écoutant la radio. Elle aime vivre et travailler entre Bâle, Seydisfjordur et Bogotá.










Graphisme : Clio Hadjigeorgiou
Reproductions : Thea Giglio